Lors d’une réunion, vous avez un sentiment de dévalorisation et ne vous sentez pas écouté.e. Résultat : vous finissez par vous énerver sur un collègue, et regrettez ensuite d’avoir eu une réaction si “négative”… Et si nous arrêtions de juger nos émotions, et envisagions de les accueillir comme des indicateurs précieux de nos besoins, pour améliorer nos interactions avec les autres ? On vous présente quatre compétences émotionnelles, qui pourraient bien révolutionner vos interactions professionnelles.

Les émotions négatives n’existent pas, les positives non plus

Une classification souvent dichotomique

Sensation, ressenti, phénomène interne, état affectif, réaction biologique, mécanisme inconscient, expérience psychophysiologique… Il semble y avoir (presque) autant de manières d’envisager les émotions que de personnes pour les vivre !

Que ce soit au travail ou dans la vie privée, nous ressentons tous les jours des émotions. Elles nous guident, nous influencent, peuvent induire des biais cognitifs et parfois nous faire adopter des comportements impulsifs. On peut ainsi se mettre en colère, éclater de rire ou se sentir paralysé.e.

Chacune de ces réactions est souvent connotée de façon positive ou négative dans l’imaginaire collectif : la colère et la peur sont ainsi des émotions plutôt cataloguées comme « négatives », tandis que l’on a tendance à associer le rire ou la joie à des émotions « positives ».

L’importance du contexte

Mais existe-t-il vraiment des émotions par définition négatives ou positives ? Vous savez ce qu’on pense des apparences ici… Si l’on creuse un peu, on s’aperçoit que la réalité est plus riche et complexe :

  • Lorsque je me mets à injurier les automobilistes et à adopter une conduite dangereuse : ma colère apparaît comme « négative ». Mais si je m’insurge contre une personne ouvertement raciste dans le métro, s’agit-il encore d’une émotion que l’on puisse qualifier de négative ?
  • J’éclate de rire au restaurant avec des amis, nous passons un bon moment tous ensemble… mais qu’en est-il si je me mets à éclater de rire au beau milieu d’un enterrement ? Il paraît complexe avec si peu d’éléments de pouvoir catégoriser une telle réaction.
  • Je me sens paralysé.e et je change de trottoir à cause d’un chien qui aboie de façon menaçante. Ma réaction paraît plutôt « positive »… mais qu’en serait-il si j’agissais de la même manière face à un chat parfaitement calme ?

Au regard de ces exemples, on s’aperçoit qu’une émotion ne peut intrinsèquement être qualifiée de positive ou négative, de même que les réactions qu’elle génère. Le contexte, notamment, influence de façon notoire la façon dont nous vivons et percevons une émotion.

Mais alors, comment appréhender une émotion

Percevoir les émotions sous un nouveau prisme

Aristote décrit les émotions comme « ces sentiments qui changent l’homme en s’entraînant à modifier son jugement et qui sont accompagnés par la souffrance ou le plaisir[1] ». Cette perspective illustre comment les émotions, en suscitant la douleur ou la joie par exemple, jouent un rôle clé dans l’évolution de notre perception et de notre réflexion.

Envisager nos émotions comme positives ou négatives est non seulement une façon pauvre de les considérer, mais surtout une approche qui n’est pas pertinente. Il paraît plus juste de les percevoir comme « agréables » ou « désagréables », que comme bonnes ou mauvaises.

<h3>La possibilité de moduler nos réactions</h3>

Une version plus récente et éprouvée scientifiquement explique qu’une émotion est une réaction à un événement stimulant, qu’il soit réel ou imaginaire. Les émotions déclenchent un changement physiologique, et sont vécues et interprétées de manière subjective. Elles s’expriment au travers de changements comportementaux et de tendances à l’action.

C’est ici que ça devient intéressant : nous ne sommes pas obligés de subir nos émotions. Si elles impactent nos réactions, nous pouvons tout à fait apprendre à les réguler et à en faire nos alliées. Ce sont en effet de formidables informatrices et de potentielles médiatrices à notre service, si tant est qu’elles soient adaptatives.

Quand nos réactions nous desservent

L’impact de l’imaginaire

Il peut en effet arriver que certaines de nos émotions génèrent des réactions maladaptatives, c’est-à-dire inadaptées ou inadéquates. C’est le cas par exemple quand je me mets en colère au volant et que j’adopte un comportement dangereux : mon émotion est légitime, mais ma réaction ne l’est pas. 

Je peux également avoir un comportement inadapté à une situation réelle, à cause de mon imaginaire et de mes projections : je me décompose à l’idée de prendre la parole en public, car j’imagine que je ne vais pas être compétent.e ou que mon auditoire va me juger négativement. 

Dans le réel, rien ne se passe. Pourtant mon imaginaire induit bel et bien un état émotionnel intense, qui s’accompagne des réponses neurovégétatives correspondantes. Dans une telle situation, certains blocages peuvent ainsi être levés en explorant les croyances à l’origine de réactions inadéquates et en régulant les émotions qui y sont associées.

 

De mauvaises expériences

Il arrive parfois que ce ne soit pas mon imaginaire, mais ma mémoire qui soit à l’origine de réactions inadaptées, suite à un événement antérieur traumatisant par exemple : je me retrouve totalement paralysé.e chaque fois que je dois prendre la parole face à un groupe, car j’ai été humilié.e enfant par un professeur pendant une récitation.

Lorsque nos émotions nous conduisent à avoir des réactions paralysantes, nuisibles pour nous-mêmes (ou autrui), ces émotions ne sont ni mauvaises, ni négatives : elles sont inappropriées, inadéquates et bien souvent inconfortables. Et ce n’est pas nécessairement irrémédiable…

De l’intérêt de développer ses compétences émotionnelles

Les quatre compétences émotionnelles

Se fermer à ses propres émotions pourrait être tentant… mais vous vous en doutez, ce n’est pas une solution pérenne. Et si, aussi inconfortables soient-elles, nous étions tout simplement prêts à les accueillir et à nous laisser traverser par nos émotions ?

Pour faire de nos émotions nos alliées, il est intéressant de développer différentes compétences émotionnelles[2] :

  • La reconnaissance des émotions : savoir identifier, chez soi et les autres, l’émotion vécue ;
  • La compréhension des émotions : être capable de contextualiser et mettre en perspective une émotion vécue dans l’écosystème d’une personne ;
  • La régulation des émotions : avoir la capacité de maîtriser ses propres réactions, tout en laissant à ses émotions la possibilité de s’exprimer dans un certain cadre ;
  •  La gestion des émotions : savoir prendre en compte et interagir avec les émotions des autres.

Se familiariser avec ces différentes compétences émotionnelles est un bon outil introspectif, pour analyser des situations émotionnelles vécues. Prendre conscience de certains comportements productifs et contre-productifs que nous avons tendance à adopter dans des situations données, est un premier pas pour explorer d’autres manières de faire.

Avec une telle approche, nos émotions nous permettent d’adopter de nouvelles dynamiques, et de moduler nos comportements futurs. C’est aussi l’occasion d’approfondir notre empathie et développer notre connaissance de nous-mêmes. Il serait dommage de s’en priver…

Mettre les émotions au service de nos actions futures

Dans le milieu professionnel, il n’est pas rare d’observer qu’une mauvaise régulation des émotions peut impacter négativement une vente, une négociation ou la collaboration en équipe.

Pour vous donner des bases solides, notre formation « Émotion et performance dans la communication » vous propose dans un premier temps un schéma d’analyse comportementale en lien avec les émotions. Vous serez ensuite en mesure de mieux appréhender des techniques simples de gestion et de régulation émotionnelles.

S’il est facile pour une émotion de submerger la pensée, il est en effet plus délicat pour la pensée de parvenir à canaliser les émotions.  L’éclairage commun des neurosciences et de la préparation mentale nous offriront, tout au long de la formation, des pistes de travail et de développement afin d’apprivoiser ce potentiel.

 

Accepter la complexité de notre palette émotionnelle nous ouvre à une compréhension plus intime de notre être et du monde qui nous entoure. En transcendant les simples dichotomies de « bien » et « mal », les émotions jouent un rôle indispensable dans notre adaptation et notre épanouissement professionnels. 

Modelées par une multitude de facteurs et exerçant une influence profonde sur notre comportement, notre perception du monde et notre façon d’interagir avec les autres, nos émotions peuvent devenir de vraies alliées. Rejoignez notre formation en ligne, et découvrez comment déployer votre plein potentiel au travail, en développant vos compétences émotionnelles ! 

Sylvain et la team Brainmoving

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  • 1 Webinaire FAQ de 2h
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Références : 

Pool & Sander, Emotion Measurement, 2021. 

Gross, Modèle de la régulation des émotions, 1998.

Lazarus & Smith, Knowledge and Appraisal in the Cognition—Emotion Relationship, 1988.

Sander, Handbook of Human Affective Neuroscience, 2013.

KR Scherer, M Mortillaro, M Mehu, Understanding the mechanisms underlying the production of facial expression of emotion : A componential perspective, Emotion Review 5 (1), 47-53, 2013.

K Schlegel, M Mortillaro, The Geneva Emotional Competence Test (GECo) : An ability measure of workplace emotional intelligence, Journal of applied psychology 104 (4), 2019.


[1] Aristote, Rhétorique, livre II, chapitre 1, 1378a.

[2] KR Scherer, M Mortillaro, M Mehu, Understanding the mechanisms underlying the production of facial expression of emotion : A componential perspective, Emotion Review 5 (1), 47-53, 2013.